Nous nous levons à 6h30 toujours dans la bonne humeur pour moi, la magie continue, après un petit-déjeuner, à base de café, pain beurre et confiture, nous repartons à 7h50 pour notre deuxième journée de trek. Je décline l’invitation du guide à faire transporter mon sac par le cheval, son sourire en dit long sur ma capacité à faire une journée de marche avec ce dernier sur le dos. Mais il ne me connaît pas et je ne lâcherai rien là-dessus, même aux moments les plus difficiles.
Josiane porte également sons sac à dos (8-10 kg pour elle, 10-12 kg pour le mien). Nous commençons par grimper une petite colline de laquelle nous avons une vue splendide sur les massifs de l’Ausangate. En dehors de ces massifs, le paysage ressemble à ceux des steppes mongols, enfin, à ceux que j’ai pu voir dans des films car je ne connais pas ce pays en réalité. Nous redescendons vers Upis à 4400 m ou il y a des sources chaudes mais nous passons au large sans nous y arrêter.Je n’aime pas descendre, car cela veut souvent dire qu’il faudra remonter, et vu le col à passer que l’on voit dans la direction vers laquelle nous nous dirigeons, il n’y a pas de doute, sur la remontée, pas d’échappatoire, Gérald prépares toi à souffrir. Durant la montée jusqu’au col d’Arapa à 4710 m, je marche lentement, le souffle court les pas courts aussi, je fais plusieurs pauses, merci les photos et les enfants qui viennent à notre rencontre, et je repars. Je vois mon ombre bougée doucement, je me motive en me disant que chaque pas, aussi petit soit-il, me rapproche du sommet. Lorsque j’y arrive je m’autorise une grande pause, d’une part pour admirer le superbe paysage environnant, et me refaire une santé, le plus haut col de la journée est franchi, mais la journée n’est pas prête d’être terminée, il est midi et pas de campement en vue à cet endroit, à mon grand désespoir. J’interroge le guide, il me dit qu’il faut marcher 1h de plus pour y arriver. Bon heureusement ce sera sans montée.




Nous y arrivons à 13h10, le repas est prêt et n’attend que nous. Il y a des nuages qui nous cachent le soleil, du coup la température chute vite et nous invite, trop rapidement à mon goût à reprendre notre marche. Nous continuons à descendre, je suis content mais ne peut m’empêcher de penser qu’il faudra remonter tout ce que l’on est en train de descendre. Heureusement les paysages sont magnifiques, nous passons à coté de plusieurs petits lacs.
A la moindre cote, mon rythme est très fortement ralenti. Les péruviens ne connaissent que 2 pauses dans leurs journées de marche, celles des repas, en dehors de ces dernières, rien. Heureusement que je m’en autorise certaines, sinon je ne serais plus parmi vous pour vous raconter, ce magnifique trek mais difficile. Josiane, malgrè 6 printemps de plus que moi, ne semble pas souffrir. Résultats de sa préparation physique à laquelle je n’ai pas adhéré. Mais, bonne joueuse, elle ne me le fait pas ressentir, certainement l’inquiétude de me voir me défigurer au fur et à mesure que le temps passe et que nous continuons à marcher, 6h, 7h, 8h, 8h40.
Je vois enfin le campement, je suis exténué par cette trop longue journée, le guide Geus donnait des journées de 4h en moyenne, nous en avons fait le double, je veux bien marcher lentement mais quand même. Je fais part de mon mécontentement au guide en lui disant que des journées de plus de 8h à cette altitude c’est trop long. Il me dit que la cérémonie doit se faire au plus près du glacier et qu'on devait être isolés. Tu parles comme si les deux ou trois bergers que nous avons croisés pouvaient nous gêner une fois la nuit tombée. A propos de tomber, à notre arrivée la neige nous souhaitait la bienvenue.
Je rentre dans la tente et m’affale sur mon matelas en rentrant plus au moins habillé dans le duvet. Au moment de manger, on nous apporte le repas dans la tente et à la fin on nous annonce que la cérémonie aura lieu dans l’autre tente, vers 20h.
A l’heure dite le guide vient nous chercher, la tente étant petite je me demande comment nous allons tenir tous en plus le Chaman, en entrant une surprise, en fait de chaman, c’est le horseman qui fait office de chaman et le cuisiner d’assistant, sur le coup je suis déçu, cela sent l’arnaque.
Mais bon je me laisse porter, en prenant ce qu’il y a à prendre de ce moment, empli malgré tout de solennité et de sérénité. Nous devons boire un peu de vin (pas mauvais d’ailleurs), le chaman-horseman, n’en finit pas de répartir les offrandes composées à la fois de bonbons, feuille de coca, perle en plastique, croix chrétienne, pétale de fleurs, graines, fœtus d'animal.. . Toute l’offrande sera d'ailleurs brûlée pour clore la cérémonie, cette dernière sera évidemment bonne et rien de néfaste ne doit nous arriver. De retour dans notre tente, je me couche et me couvre un peu plus chaudement car le glacier n’est pas très loin de nous et le froid est plus présent.

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