3 février : île Cuverville Chenal Errera (Lat 64°41’S - Long 62°38’W)
Port Lockroy, Chenal Neumayer (Lat 64°49’S - Long 63°30’W)
Toute la nuit le navire a navigué sur une mer tranquille, au matin nous nous réveillons dans le détroit de Gerlache qui porte le nom du navigateur Belge qui l’a découvert lors de son expédition de 1897-99. Le continent est devant nous mais nous n’y débarquerons toujours pas aujourd’hui. Il ne nous reste que 2 jours avant le retour et nous commençons à nous demander si nous allons pouvoir réaliser notre souhait de marcher sur cet immense continent. Le temps est toujours couvert, je crois que nous avons oublié de cocher la case beau temps quand nous avons réservé. Eole, sans son père, ouf!, est toujours notre hôte privilégié mais aujourd’hui il n’est pas en grande forme, sûrement la fatigue d’hier. Le froid est là également mais nous n’avons pas à en souffrir outre mesure car les températures durant tout le voyage furent clémentes compte tenu du lieu, entre 0° et –5°. Le continent que nous voyons du bateau est montagneux et couvert de glace, les nuages bas apportent une atmosphère particulière et quelque peu mystérieuse à ce continent qui ne se dévoile pas facilement. Dans cette baie silencieuse quelques icebergs de petits gabarits viennent nous escorter et s’enregistrer par la même occasion sur la carte mémoires de notre numérique. La baie n’est pas forcément belle, mais sa physionomie et l’ambiance qui s’en dégage m’apaisent et participe à mon sentiment de bien être en ce lieu.
Nous débarquons sur île Cuverville pour notre sortie de la matinée, pour voir une nouvelle fois une colonie de manchots mais majoritairement Papous pour cette fois. Nous avons également le privilège de voir les manchots couver les œufs. Ce qui a été agréable dans le voyage, concernant les manchots, fût qu’au cours de nos visites dans les différentes îles, nous avons pu voir les bébés manchots à différentes étapes de croissance : de l’œuf à l’âge quasi adulte où ils perdent leur duvet.
A cet endroit nous avons pu avoir un aperçu de la vitesse à laquelle peuvent nager les manchots. C’est spectaculaire de vraies fusées avec des possibilités de changement de direction époustouflant, laissant le plus grand des ingénieurs sur le carreau quant à la perspective de reproduire cette capacité. Un vrai régal à voir et que j’ai gravé à jamais dans ma mémoire et dans un film (vidéo bain). Merci à eux du spectacle.
Fin de la sortie, direction le bateau, où durant la navigation vers notre destination de l’après midi ; Port Lockroy, le soleil après un combat sans précédent contre les nuages arrive jusqu’à nous et donnant au paysage environnant des couleurs et une luminosité jamais vus. Les contrastes sont saisissants, le détroit prend une autre dimension. Sa beauté est sans commune mesure avec la glace, la roche apparente des montagnes, le ciel bleu, la couleur sombre de l’eau et les nuages blancs et gris qui font leurs possibles pour reprendre le territoire cédé à la lumière. Nous en profitons pour immortaliser cet instant en numérique et il faut faire vite car la bataille tourne vite à l’avantage des nuages qui ne supportent pas que tant de beauté soit dévoilée à des gens de passage.
Nous arrivons donc à Port Lockroy, en fait musée anglais, entretenu par 2 couples de sa royale majesté, dont l’intérieur a été conservé comme il était lors de sa construction en 1943-44. La baie dans laquelle se trouve le site est entourée de glace d’une hauteur de 20 à 30 m. L’hiver cette baie et le musée se retrouvent pris dans la glace. De ce musée nous envoyons plusieurs cartes postales pour faire un peu criser la famille et les collègues. Elles arriveront toutes mais certaines après nous. Durant la visite Eole se réveille de sa sieste en pleine forme et nous le fait savoir, la neige en prime.
Nous mouillons pour la soirée au large de Port Lockroy que nous apercevons du pont du bateau. Vers 19h profitons d’un moment d’inattention des nuages, le soleil nous gratifie d’une douce lumière de fin de journée dont nos appareils se souviennent encore, tant nous les avons sollicités pour saisir la beauté fugitive extraordinaire ainsi révélée. Un court mais magnifique moment, la nature est vraiment belle quand elle se dévoile telle que nous avons pu la voir (vidéo Lumière). La nuit tomba, les étoiles apparurent, demain nous mettons (on l’espère tous très fort) le pied sur le continent. Ce ciel nocturne étoilé est de bonne augure pour un grand moment.
Après le repas une surprise nous attendait par la venue à bord de nos anglais gardiens du musée mais scientifiques également. Durant bien 2 heures ils nous racontèrent leurs expériences et vie dans les conditions si difficiles que l’on puisse rencontrer sous cette latitude. Malheureusement la prise de parole fut dans le langage de Shakespeare, et nous n’avons pu apprécier l’exposé à sa juste valeur…