1 février : île Paulet en mer de Weddel (Lat 63°35’S - Long 55°47’W)
Je me réveille après une nuit calme, je regarde par le hublot pour voir la météo et là je lâche un 1er juron qui vient du fond du cœur, j’enfile des habits à la va-vite, lâche d’autres jurons, prends gants, bonnets et goretex car le temps est toujours aussi gris et venteux et sans oublier camera et appareils photos je me rue sur le pont supérieur du bateau. Il est 7h45 il fait froid, gris, le vent glacial finit de me réveiller mais devant moi une vision à jamais graver dans ma mémoire, un spectacle qu’on image mais que l’on ne pense voir que dans des films. Devant moi, sur une mer d’huile, des centaines d’Icebergs, de toutes formes, de toutes tailles, de couleur allant d’un blanc au bleu turquoise et le bateau naviguant au milieu à des distances suffisantes pour ne pas craindre un remake du Titanic.



Le temps de me pincer pour réaliser que je ne rêve pas et je saisis mon numérique puis ma caméra puis je reprends mon numérique pour l’abandonner au profit de la caméra de nouveau. Devant tant de beauté la retenue est difficile, chaque iceberg est différent et même un seul iceberg n’est jamais identique selon les faces qu’il vous montre, rien à voir avec le glaçon que l’on met dans notre pastis. Heureusement j’ai de quoi stocker plusieurs centaines de photos sur mes différentes cartes et quant à la vidéo j’ai 3 heures de film en stock. Alors je m’en donne à cœur joie et je ne sais plus ou donner du viseur. Quel beau moment, on se sent différent après avoir vu un tel spectacle mais surtout on se sent petit et humble face à une telle puissance que peut représenter la dérive d’immense iceberg tabulaire comme j’en ai vu à ce moment. Il est certain qu’en cas de collision avec ce genre d’obstacle il n’y a aucun doute quant au vainqueur, un bateau qui le percute à le même effet qu’une piqûre de moustique pour l’homme, il ne s’en rend même pas compte et continuera sa route impassible (vidéo Iceberg).

La sortie de la matinée nous mènera à l’île Paulet en mer de Weddel à l’est de l’extrémité de la péninsule antarctique où nous attendent une colonie de 60 000 manchots d’adélie et l’odeur qui va avec … Sur cette île nous pouvons voir la ruine de la cabane de pierre construite par une partie de l’équipe de l’expédition Nordensjköld de 1903 dont le bateau fut pris par la glace et brisé par elle à 40 km à l’est de l’île Paulet. L’équipe mit 14 jours en traîneau avant de joindre l’île Paulet où ils construisirent cette cabane pour se protéger de l’hiver, au final il n’y eut qu’un rescapé.

L’accès à l‘île se fait en traversant un chaos d’icebergs, ce qui de retour de l’île nous vaudra une belle ballade au milieu de ces monstres où numériques et caméras ne furent pas sans activités. Sur l’île les Chionis et Cormorans se partagent non sans quelques échauffourées le territoire avec nos manchots d’Adélie. Un lac formé par le cratère d’un ancien volcan est présent sur l’île.
Retour au bateau, mais avant ballade en zodiac dans le chaos d’icebergs, c’est magnifique, c’est l’été, il neige à gros flocons. Je n’arrête pas de mitrailler, mes appareils et ma caméra n’en peuvent plus d’être sollicités, chaque iceberg est sublime certain sont d’un bleu que je n’ai jamais vu, le trio glace-manchots-neige rend le moment féerique, un rêve éveillé, un moment de pure beauté, un moment magique ou l’on se dit que la Nature est belle et que son créateur à de quoi être fier. J’ai fait quelques-unes de mes plus jolies photos en ce lieu mais c’est normal la beauté habitait ce moment (vidéo
Iceberg+manchots).



Dans l’après midi après 5 heures à travers icebergs et temps brumeux nous devions rejoindre la base argentine « Espérenza » la bien nommée sur la péninsule Antarctique notre 1er débarquement sur le continent. A notre arrivée elle fut rebaptisée en « Arlésienne ». En effet la glace de plus en plus présente nous en interdisait l’accès. Le réchauffement de la planète n’étant pas à son régime maximum (mais que font les hommes...), on ne pouvait s’attendre à ce que la glace fonde dans les heures prochaines et donc nous étions dans l’obligation de faire demi-tour pour nous diriger vers l’île de la « Déception » ; nom qui collait parfaitement cette fois-ci avec l’humeur générale des passagers, qui la nuit précédente et durant la journée avaient tous rêvé ou imaginé la manière dont ils allaient vivre ce moment « mettre le pied sur le continent ANTARCTIQUE ».
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